Thursday, September 19, 2013

NOTRE BESOIN DE CONSOLATION / MEXICO 10


15 septembre 2013, Laguna de Santa Maria Del Oro, Nayarit, Mexico 



Je referme "Notre besoin de consolation est impossible à rassasier" de Stig Dagerman. 
Je somnole, puis l envie d'arbre prend le dessus. J escalade une structure en bois humide et arpente ce tronc d'éléphant à pied nus pour mieux m arrimer. La vue sur ce grand lac est belle. Les fines feuilles arborées dessinent des estampes délicates. Ferré et a son enterrement chante. 
Puis inattendue la lumière mouillée de gris laisse enfin entrer la couleur. Un rose fumé, presque irréel qui se reflète dans l étendue offerte. 
Gourmand, je propose à Lirba et Hector d aller s y plonger. J amorce la descente sur la trompe que je pressentais difficile. Une seconde d'hésitation. 
Je glisse. 
Fraction de temps ou je traverse la toiture et m écrase sur les racines armées de béton. 
La tête frappe. Noir cligné. Tout tourne et je crois avoir les bras cassés. 
Parler, parler pour ne pas perdre la tête. 
La chienne me saute dessus. L ombre de Lirba acoure et les mains chaleureuses d Hector m entourent. Je semble entier.
La plaie que découverte Lirba nous envoie sur la route.
La pluie se met à tomber drue. Le pare-brise brille et joue à m'aveugler. Nous demandons le chemin d un médecin. Il fait tout juste nuit. Un jeune dont je ne vois pas le visage se propose de nous accompagner jusqu'au village quelque km plus haut. 
Santa Maria Del Oro, Nayarit. Sur la place principale, des basses soulignent les courbes vibrantes des jeunes filles qui courent à la couronne de beauté. Nous sommes le 15 septembre, jour de fête, indépendance oblige. 
L'ombre d'un bâtiment apparait, une faible lueur au fond. C'est ici. Le dispensaire semble fermé mais une porte s'ouvre. 
Un jeune médecin enfile rapidement sa blouse pour masquer la fraîcheur de son diplôme. C'est profond. 4 points de suture sont nécessaires. Ma tête a enflée et le sang frappe à la porte. L infirmière sans blouse répond au téléphone insistant avec les gants qui nettoient mon cuir en même temps. Au bout du portable blanc, son petit ami impatient ne semble pas croire qu'elle est occupée avec une urgence; moi. Elle prend ma plaie en photo, la coupure comme calmant jalousie. 
Le médecin revient embarrassé; il ne trouve pas de fil. Il appelle un collègue pour comprendre qu'il n à pas la clé de l armoire concernée. Il demande à Lirba d aller à la pharmacie acheter ce qui me liera la peau fendue. On me coupe quelques mèches. Je pourrai toujours dire que le coiffeur avait bu. 
Quelques seringues anesthésiantes, de la couture façon grand mère, et un bon sparadrap sur ma nouvelle coiffe. 
300 pesos de main à main, parce que "normalement c est plus cher dans ce genre de centre". J'aurais droit à un petit savon et des accessoires avec le sourire de l'infirmière.

Rogelio, le jeune garçon aura attendu avec Hector dehors, près de la voiture avec les chiens. 17 ans, un bébé de 2 ans, marié à 16 et il a une fille qui vient de naître dont il a perdu la garde. On comprend qu il sort à peine de prison, accusé d homicide lié au narcotraffic… puis blanchi. Il prend du cristal (dérivé pauvre de la coke) et du haschisch. Mains tordues, déjà plusieurs accidents de la route.
Un jeune déjà blessé par balle, plus vieux que moi. 
Il travaille par ci par la autour de la laguna, mais les visiteurs se font rares. 
"Pitufo, pitufo!" (Petit sctroumph) et les champignons hallucinogènes naissent sur les bouses de vache fraiches. Il nous raconte qu il en a vendu 1kg pour 1500 pesos (90 euros) à des gringos la semaine passée. 
La poignée de main est sincère. 

Les antidouleurs travaillant à plein régime nous allons manger quelques tacos en rue. Il a y du monde au village. 
Lirba est stressée. Le calme de l eau l a quittée, interrompue par ma chute. Elle angoisse car ce jeune si bienveillant sait ou nous campons. Méfiance. Des immenses 4X4 passent vrombissants, des hommes armés en civil patrouillent. Vivre avec la peur. Ne jamais avoir confiance. L horreur du narcotrafic et de son fétichisme morbide et assassin. 
Mon regard sur les gens tout à coup peut changer. Projetant des histoires sur chaque échange codés. 

Retour au campement. On ne fera pas la fête ce soir. Je suis entier et conscient. 
Ma bonne étoile semble vouloir me suivre encore un peu. 
Les gouttent frappent sur les parois de la tente et tout ressemble à des pas qui se rapprochent. 
Les respirations se composent et fermant les yeux, je regarde à travers. 

J'apprendrais au retour que ce dimanche aura été visité par Ingrid et Manuel, ouragan et tempête tropicale, un peu plus au sud.